samedi 16 octobre 2010

ELECTRIC WIZARD, "Black Masses", chronique

ELECTRIC WIZARD
'Black Masses"
RISE ABOVE RECORDS


Le Juge : "Monsieur Duke, vous comprenez donc bien toutes les implications du fait que vous refusiez d'être représenté par un avocat?"

Vincent Duke : "Oui, Monsieur le Juge. J'ai pris cette décision avec ce qu'il me reste d'âme et de conscience. Je ne peux en dire plus."

Le Juge : "Très bien. Nous allons donc procéder au résumé des faits qui vous conduisent devant ce tribunal."


"Le 13 octobre 2010, à 3h33, Monsieur Vincent Duke est rentré par effraction dans le domicile de Mesdemoiselles (ndr : les noms et l'adresse ont été supprimé à la demande des familles), armé d'un fusil d'assaut AR 10 de la marque Armalite, d'un Colt 45 à sélecteur de tir, d'un couteau de chasse Browing d'une lame de 23 centimètres et des munitions de type "balles creuses" correspondantes en nombre important. Il portait également un sac à dos dans lequel les objets suivant ont été retrouvé : une bobine de fil électrique, trois auto-injecteurs d'adrénaline dosé à 75 ml et un ruban d'adhésif. Malgré tous les efforts et les reconstitutions effectués des experts médico-légaux, il est impossible de présenter exactement le déroulement des heures qui ont suivi. Seul le "résultat" est certain, et difficilement descriptible. Corps mutilés et portant les traces de tortures médiévales et contemporaines, sang, matières organiques de toutes provenances couvrant le sol, les murs, mais aussi les plafonds. Le premier inspecteur de police arrivé sur les lieux a décrit la scène comme la pire chose qu'il n'ait jamais vue. "Pas humain!!! Pas humain!!!" furent les derniers mots qu'il prononça. Il est depuis interné sous très fortes doses de Thorazine, incapable de communiquer, ni de s'exprimer autrement que par hurlements incompréhensibles.
Après ce premier carnage, Monsieur Duke est sorti de l'appartement pour grimper sur le toit de l'immeuble, s'arrêtant à chacun des étages, dans chaque appartement pour commettre les même actes de barbarie. Le premier compte des victimes s'élèverait à 37. Il n'est toujours pas possible d'en être sûr. Selon le Docteur Jeffrey Dahmer, titulaire d'une charte d'anthropologie judiciaire, je cite : "même après un crash de Boeing 747, il est possible de reconstituer les corps. Là... Non. Nous ne saurons jamais combien de personnes ont été massacré dans cette immeuble."
L'accusé a été retrouvé sur le toit de l'immeuble donc, assis sur une sorte de trône qu'il a du fabriqué dans les heures qui ont suivi les massacres, constitué d'ossements et de crânes, parfaitement nettoyés. Il n'a opposé aucune résistance à son arrestation."

Le Juge : "Monsieur Duke... A vous de présenter votre défense."

Vincent Duke : "Monsieur le Juge, membres du jury, familles des victimes, je n'ai qu'une seule et unique pièce à apporter au dossier pour ma défense. Je demande à la cours d'écouter dans son intégralité l'album "Black Masses" du groupe anglais Electric Wizard. Je suis convaincu que vous comprendrez alors, que vous accepterez même, ce que j'ai fait!"


Suivit un tollé général mais le Juge accepta ma requête. Et j'ai, bien entendu, été déclaré innocent.

Plus noir et lourd que "Dopethrone", plus heavy et psyché que "Witchcult Today", ce nouvel album du Wizard est simplement un concentré de Mal Pur, distillé par alchimie en huit titres. A écouter encore et encore jusqu'au passage à l'acte...


Vincent Duke.

BLAAK HEAT SHUJAA - Chronique

BLAAK HEAT SHUJAA
"s/t"
IMPROVISING BEINGS

www.improvising-beings.com
www.blaakheatshujaa.com

Je suis tranquille chez moi, il n'est pas encore 10 heures et je m'apprête à sortir pour "accomplir" toutes les tâches si importantes de la vie moderne et occidentale, contrôlée, illusoire et hygiéniste. Le soleil brille, il fait chaud. Une de ces journées parfaites, mais au programme chargé. Et l'interphone sonne. Facteur. Un petit colis. Pas de doute, il s'agit d'un disque. Bon, cela va me prendre moins de cinq minutes chrono pour encoder le bordel et le balancer dans mon baladeur pour l'écouter dans les transports et... Il est plus de 22 heures, je n'ai pas bougé. Pas beaucoup en tout cas. Je suis toujours assis dans mon fauteuil, ou plutôt complètement inséré à l'intérieur, un lien symbiotique s'est établi : nous ne faisons plus qu'un. Les ondes sonores crachées par la paire d'enceintes semblent, non, elles font réellement onduler les volutes d'une épaisse fumée qui a complètement rempli la pièce. J'ai un moment de brève lucidité, un sourire à la fois cajoleur et démoniaque vissé sur la gueule. Pourvu que cela dure assez longtemps pour que je finisse cette chronique... Le disque en question, c'est le premier album d'un groupe français, Blaak Heat Shujaa. Un trio de jeunes. De sales putains de putes de jeunes bien trop doués pour leur âge qui ont réussi à digérer tout ce qui s'est fait de meilleur en stoner, desert rock et psyché depuis 1965 et qui, en prime, se sont bougés pour aller enregistrer directement dans le ranch de Scott Reeder (Kyuss, Goatsnake). Pas de copier-coller. Que dalle. De vrais pros qui ont bien mâché le tout pour que la psylocibine sonore monte directement au niveau de la troisième cervicale. La basse... Ce son... Tellement rond, chaud... Un truc proche des perles de funk des années 70. Ça pue le Axelrod ou le Marc Moulin. Les compositions sont sublimes, lysergiques et d'une puissance instantanée qui n'arrive, dans le meilleur des cas - et si on ne vous a pas refilé de la merde - que deux heures après le décollage.

Ouais... C'est parti... Un mélange de genres et d'émotions et qui pourtant ne fait qu'un. Le Grand Tout coco. Que BHS balance un titre complètement instrumental ou avec des voix, ça tourne. L'homogénéité est parfaite entre les morceaux de l'album. Trop bon, des textes trop bien ficelés, trop intelligents et pas dénués de cet humour tordu et vicelard que quelques uns, j'en fais partie, apprécient à sa juste valeur.Leur disque aurait pu sortir sur un petit label indépendant basé à Oakland le jour où ce connard de Leary s'est fait dégagé de son poste de professeur d'université. Mais Blaak Heat Shujaa serait passé inaperçu parce qu'il aurait eu 47 ans d'avance.

Je crois que j'ai tout dit. J'espère. De toute manière, je ne connais que trop le fourmillement qui me parcourt le bas de la colonne vertébrale pour savoir qu'il n'est plus temps, ni possible, de continuer. Reste simplement à monter encore le volume.

Prenez vite votre "ticket".

Vincent Duke.